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notes d’un condamné politique.

quels nous achetions un peu de riz et de sucre pour notre cuisine du dimanche, et des rafraîchissements pour nos malades.

La ration de blé-d’inde, accordée par le gouvernement aux bœufs de travail, était plus que suffisante ; nous pûmes employer à notre profit le petit surplus, que nos gardiens vendaient à leur bénéfice auparavant, en le transformant, par le broyage et la cuisson, en une espèce de café, dont nous préparions un breuvage que nos lecteurs imagineront à bon droit détestable, mais qui, cependant, valait mieux que l’eau de nos citernes sans mélange.

Avec la nouvelle saison chaude arrivèrent les maringouins du pays, les pires de tous les maringouins du monde, de l’aveu unanime de tous les voyageurs qui ont visité la Nouvelle-Galles du Sud. Nous eûmes à en souffrir énormément : la situation de notre établissement, la construction de nos logements, et l’absence totale des moyens qu’on prend pour diminuer l’effet de ce fléau, nous rendaient de faciles victimes de la méchanceté de ces cruels insectes. Le fléau dont je parle est tel que l’usage de moustiquaires de gazes pour les lits est général dans le pays : de fait cet article est compté parmi les choses de première nécessité ; inutile de dire que nous n’en avions pas.

Après avoir été, pendant environ dix mois, employés à casser de la pierre, comme je l’ai dit plus haut, nous fûmes ensuite mis, les uns à transporter cette même pierre sur le chemin de