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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

de bois recouvertes d’un drap de coton, formait l’autel sur lequel on mit un crucifix et deux chandeliers portant des cierges, apportés de Sydney par monseigneur Polding.

Ce fut dans ce temple improvisé que nous eûmes la consolation de participer au saint sacrifice de la messe et de recevoir, comme nourriture, le pain des anges, de la main de monseigneur l’Évêque de Sydney.

Dans ces généreuses visites de monseigneur Polding et du révérend père Brady, ces dignes apôtres ne manquaient pas de passer avec nous le plus de temps possible, pour nous consoler et nous exhorter à accepter avec patience, en vue de Dieu, toutes nos misères. Ils s’intéressaient aussi à notre sort temporel et essayaient tous les moyens possibles de nous procurer quelques soulagements ; mais le gouverneur, Sir George Gipps, pour une raison ou pour une autre, ne ressentait, paraît-il, aucune sympathie pour nous, et, depuis qu’il avait accordé à monseigneur Polding la grâce de nous admettre dans la Nouvelle-Galles du Sud, au lieu de nous réléguer à l’Île Norfolk, il se croyait sans doute quitte de tout sentiment de charité à notre égard.

Dans une de ses visites à notre établissement, le père Brady eut la pensée de goûter à notre dîner qu’il trouva très-mauvais et insuffisant. Poussé par l’idée de nous être utile, en réveillant en notre faveur les sentiments d’humanité qui pouvaient exister au sein de la population