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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

taient quatre forçats, que nous trouvâmes installés dans l’établissement : en sorte que nous étions cantonnés quinze ou seize à la fois, dans chacune des quatre petites prisons, qui avaient environ quinze pieds de longueur sur dix pieds de largeur chacune.

Les quatre forçats, dont je viens de parler, étaient placés avec nous comme prisonniers de confiance ; à eux étaient dévolus les petits offices, l’un servait même de messager. Il était facile de voir que nous étions à la fois des objets de terreur et de haine pour les autorités, et que les préjugés, la calomnie et le mauvais vouloir avaient eu un plein succès contre nous. Nous prîmes la résolution bien ferme de justifier la confiance que monseigneur Polding avait placée en nous, et de détruire, par notre bonne conduite et notre patience, toutes les injustes préventions dont nous étions l’objet ; autant du moins, qu’il était possible d’obtenir un pareil résultat auprès ceux à qui nous avions malheureusement affaire.

On nous servit pour dîner, à notre arrivée dans nos quartiers, une espèce de pâté au bœuf, en quantité assez mesquine, dont il fallut cependant se contenter.

Un moment avant le coucher du soleil, on nous fit entrer dans nos petites prisons, en nous avertissant qu’on n’avait pas eu le temps de nous préparer des lits et que nous serions, par conséquent, obligés de coucher sur le plancher. Nous étions dans la saison qui correspond à l’hi-