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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

il nous fit faire une prière et nous donna sa bénédiction. Je n’ai pas besoin d’essayer à exprimer le soulagement que nous causa cette sainte visite, puisque ces lignes sont surtout destinées à être lues par mes compatriotes, des canadiens, enfants de l’Église, héritiers de la piété de leurs glorieux ancêtres.

Le lendemain, monseigneur Polding revint, en effet, avec deux missionnaires. Sa Grandeur nous annonça qu’elle avait obtenu des autorités, la permission de venir célébrer la messe dans notre affreux logement, et que, conséquemment, on donnerait la sainte communion à ceux qui se trouveraient en état de la recevoir. Nous nous confessâmes tous, nous préparant de notre mieux à recevoir notre Sauveur le jour suivant.

Il y avait, comme je l’ai dit plus haut, à une extrémité de notre étroite prison, un espace, correspondant à une écoutille, dans lequel la distance d’un pont à l’autre pouvait permettre à plusieurs personnes de se tenir debout : ce fut là que nous dressâmes de notre mieux l’autel pour le saint sacrifice.

Le 27 Février 1840, dans le port de la capitale de la Nouvelle-Galles du Sud, un évêque de l’Église de Jésus-Christ célébrait, assisté de ses missionnaires, la sainte messe, au fond de cale d’un navire-prison, et cinquante-huit exilés politiques canadiens entendaient cette messe, dite à leur intention, et y recevaient la sainte Eucharistie.

Ô merveilles de la religion ! qui pourrait