Page:Prieur - Notes d'un condamné politique de 1838, 1884.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.


XII

SYDNEY ET MONSEIGNEUR L’ÉVÊQUE DE SYDNEY.


Le 19 février, vers les trois heures de l’après-midi, nous laissâmes le port d’Hobart-town, poussés par un vent favorable, cinglant à toutes voiles vers le lieu de notre exil. Le 24, nous étions à la hauteur du port Jackson, sur lequel est bâtie la ville de Sydney ; mais un gros vent contraire ne nous permit d’entrer dans la rivière Paramata que le lendemain dans l’après-midi.

Nous étions dans notre fond de cale lorsque les ancres furent mises à l’eau. Le bruit des chaînes et les piétinements de l’équipage sur le haut pont nous réjouirent le cœur : c’était l’annonce d’une délivrance prochaine. Ce n’était pourtant pas le bonheur que nous nous attendions à trouver sur cette terre que nous allions toucher ; mais c’était la fin, du moins, de misères telles que je ne crois pas qu’il soit possible à l’homme de survivre à de plus grandes.