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notes d’un condamné politique.

nous avait prodiguées jusque-là, il ajouta l’épithète de stupid asses (stupides bidets), qu’il adressait souvent à tous ceux d’entre nous qui ne pouvaient comprendre ou parler l’anglais ; tandis que lui-même ne savait pas un mot de français, la langue européenne par excellence, la langue des cours et des salons, des sciences et de la diplomatie.

Le 8 février 1840, nous commençâmes à distinguer à l’horizon les côtes de Van-Diémen ; mais alors un vent contraire s’éleva, et pendant quatre jours nous eûmes à louvoyer pour atteindre le port de Hobarttown, dans lequel nous laissâmes tomber les ancres le 13 février, dans l’après-midi.

Le lendemain nous apprîmes que cette colonie était le lieu de destination de nos compagnons de voyage, les prisonniers du Haut-Canada : c’était dans cette colonie qu’ils devaient subir la triste sentence qui les avait frappés comme nous.