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X

À TRAVERS LES DEUX GRANDS OCÉANS.


Nous remîmes à la voile le 5 décembre et, avec le voyage, recommencèrent nos souffrances. Cependant le vent était favorable, et ce n’est pas sans une certaine jouissance que nous sentions notre navire fendre les ondes ; car, bien que le sort qui nous attendait sur la terre d’exil fût un sort épouvantable, néanmoins, notre grande préoccupation du moment était de pouvoir quitter cet affreux navire, dans les flancs duquel toutes les tortures nous étaient infligées.

Si, d’un côté, notre sort était un peu adouci, par l’addition d’une roquille de limonade par jour à une provision un peu augmentée d’eau, et par la diminution de la chaleur ; d’un autre côté, la vermine, se multipliant dans nos hardes et dans nos lits, nous faisait endurer des maux indescriptibles. Avec cela des symptômes de scorbut se montraient chez quelques-uns d’entre