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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

daient la marche si difficile sur les ponts du navire.

Une fois la semaine, nous procédions au lavage de nos effets, pendant l’heure qu’il nous était donné, à tour de rôle, de passer sur le pont. Ce lavage se faisait à l’eau salée avec une brosse et une espèce de terre blanche qui tenait lieu de savon, lequel ne peut s’employer avec l’eau de mer. Cette opération, importante pour nous, avait du reste le mérite de nous offrir quelques distractions, et de tempérer un peu l’ennui de notre affreux désœuvrement.

Nous avions parmi nous des malades auxquels nous prodiguions tous les soins en notre pouvoir, et, tous, nous étions fort inquiets, dans l’appréhension où nous étions de ne pouvoir longtemps résister à nos souffrances et à nos privations de toutes sortes : nous nous consolions par la pensée de Dieu, en prenant de nouvelles forces dans la prière, seul adoucissement à nos maux.

Le 15 octobre, on nous fit faire grand ménage et nettoyer notre logement, qui fut badigeonné à la chaux, opération qui fut renouvelée deux fois chaque semaine pendant le reste de la traversée ; car les dangers de maladie augmentaient à mesure que nous entrions dans des climats plus chauds.

La calomnie de Black et la razzia qui en fut la conséquence avaient encore ajouté une nouvelle misère à toutes les autres. S’il est quelqu’un de mes lecteurs qui ait jamais subi le