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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

conduisait à l’entrepont, où l’on nous logea sous clef dans un compartiment d’environ vingt-quatre pieds carrés situé à l’avant.

Nous demeurâmes enfermés dans cet endroit pendant environ deux heures, sans savoir ce qu’on voulait faire de nous, ni pouvoir comprendre le but de cette conduite mystérieuse à notre égard.

Au sortir de notre seconde prison, dont les abords étaient gardés par des hommes armés jusqu’aux dents, nous reçûmes de nouveau l’ordre de n’avoir aucune communication d’un côté à l’autre de nos logements, et de garder, avec plus de rigueur que jamais, le silence entre nous. On nous avertit que les sentinelles avaient reçu l’injonction de faire feu sur le premier qui laisserait sa place sans en avoir préalablement obtenu la permission.

Pendant notre internement de deux heures dans le coqueron dont je viens de vous parler, on avait ouvert toutes nos valises et bouleversé tous nos lits. Il va sans dire qu’on ne trouva rien de compromettant : quelques canifs, des rasoirs et des pièces d’or et d’argent, trouvés dans quelques valises, furent confisqués sans pitié. Nous trouvâmes plusieurs valises brisées, nos effets bousculés, et nos pauvres lits sens dessus dessous.

Quoique la fausseté de l’existence d’un complot quelconque fût démontrée manifestement par ces recherches infructueuses, on redoubla de rigueur contre nous, et cela sans nous offrir