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NOTES D’UN CONDAMNÉ POLITIQUE.

de toutes les calomnies. Pour accomplir son infâme projet, il s’associa à un prisonnier du Haut-Canada, le nommé Tywell ou Towell, qui consentit, moyennant des promesses de bons traitements présents et de liberté ultérieure, à servir de compère à ce scélérat.

Notre indigne maître-d’hôtel alla donc trouver le commandant de la frégate, dans la matinée du quinzième jour de notre navigation, pour lui dire que les prisonniers canadiens et américains (presque tous les prisonniers du Haut-Canada étaient américains) avaient formé le complot de se révolter contre l’équipage et de s’emparer du navire. Black indiqua Tywell, le prisonnier, comme étant en état de donner tous les renseignements désirables. Ce dernier, mandé devant le capitaine, corrobora tout ce qu’avait dit Black, comme nous le sûmes plus tard ; et désormais le commandant du navire, s’il ne fut pas effrayé d’un complot, qui eût été de notre part un acte de folie confirmée, n’eut plus de doute du moins sur son existence.

Nous n’avions pas l’ombre d’un soupçon de ce qui s’ourdissait ainsi contre nous ; aussi on ne saurait décrire l’étonnement que nous ressentîmes, lorsque, à deux heures de l’après-midi de ce même quinzième jour, nous vîmes arriver dans notre logement deux officiers accompagnés de forts détachements des marins de l’équipage, armés de pistolets et de coutelas comme s’il se fût agi d’un abordage. Nous reçûmes l’ordre de nous diriger en silence vers l’escalier qui