Page:Premare - Lettre inédite du P. Premare sur le monotheisme des Chinois, edition Pauthier, 1861.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

7° Dans le Chou-King, chapitre To-fang, on fait voir comment le Ciel se comporte envers les méchants. Les interprètes suffisent pour faire sentir toute la beauté du texte. Le 合參 Ho-tsan, ou la paraphrase 正解 Tching-kiaï, dit : « Le roi Hia était criminel ; le suprême Seigneur lui envoya des calamités non communes, afin de l’avertir de se corriger. Il voulait d’une volonté très-sincère que ce méchant prince, saisi de crainte, tâchât de s’amender et de remplir ses devoirs envers le Ciel et le peuple. »

« Mais, comme dit le Ge-ki, plus les avertissements du Ciel étaient forts, et plus les crimes de Kie allaient croissant[1]. »

« Le Ciel, continue le Ho-tsan, ne peut encore se résoudre à l’abandonner. Toutes les fois que, dans diverses occasions, il lui venait quelques bonnes pensées, c’étaient autant de moyens que le Seigneur employait pour l’éclairer et le convertir. »

Tsaî Kieou-fong (Tsaï-chin) dit les mêmes choses encore plus fortement. « Soit que Kie vît, soit qu’il entendît quelque chose, en quelque lieu qu’il fût, et dans les accidents les plus ordinaires de la vie, il était comme environné du Seigneur suprême, qui se servait de tout cela pour l’avertir, pour l’éclairer, pour l’exciter à se convertir[2]. »

« Il n’y a point de si grand scélérat, dit le Ge-ki, qui n’ait, dans certains moments, quelque bonne pensée. C’est le Seigneur qui, partout et en tout temps, excite les hommes par des mouvements secrets à changer de vie[3]. »

Yao-ching-yen ajoute « qu’on ne peut assez goûter ces trois mots du texte 帝之迪 ti tchi ti. Il est évident que le suprême Seigneur nous ouvre une belle carrière pour nous conduire au bien ; mais il y a des misérables qui, comme abrutis par une longue habitude dans le vice, ne prennent point cette route de salut ; ils sont abandonnés du Ciel, parce qu’ils l’ont abandonné[4]. »

  1. Ge-ki, ch. xiv, p. 3.
  2. Au kiouen ix, p. 4.
  3. Ge-ki, ch. xiv, p. 2.
  4. Yao ching-yen est cité dans le Tching kiaï. (Pr.)