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Au chapitre Yen-yeou-y-te (du Chou-King), il est dit : « Le roi Hia méprise les esprits et tyrannise le peuple. Le Ciel lui refuse son secours, et jetant ses regards sur tous les coins de l’univers, il cherche un homme dont la vertu ne soit point mélangée, afin de l’instruire et de le placer sur le trône. »

« Le Ciel, dit [le commentaire] Tching-y, regarde de tous côtés ; il cherche un homme capable de recevoir ses ordres pour régner sur la terre. Il l’élèvera, il l’établira, il le conduira ; mais il veut une véritable vertu qui seule est digne de son amour[1]. »

Le Chi-king parle le même langage :

« L’auguste et souverain Seigneur a les yeux sur tous les hommes ; plein de majesté, il promène ses regards par tous les quatre coins de l’univers ; il cherche le moyen de rendre le peuple heureux[2]. »

« Le sens de cet endroit, dit Tchou-hi, c’est que le Ciel regarde partout et qu’il ne cherche qu’à procurer la paix au monde[3]. »

    作之師 tso tchi ssê.
    fecit ei præceptores.
    Dans la traduction du Chou-king du P. Gaubil, publiée et revue par nous, nous avons dit, conformément au commentaire de Tsaï-chin : « Le Ciel pour aider et assister les peuples, leur a donné des princes, leur a donné des instituteurs ou chefs habiles. Les uns et les autres sont les ministres du souverain Seigneur (Chang-ti) pour gouverner l’empire paisiblement et avec douceur, pour punir les coupables et récompenser les bons. »
    Commentaire de Tsaï-chin : « Le Ciel, afin d’assister les peuples, leur a fait des princes pour les protéger, leur a fait des chefs ou des instituteurs pour les instruire. Les princes et les instituteurs possèdent à eux seuls une puissance ; ils sont la gauche et la droite (c’est-à-dire les maîtres) du souverain empereur (Chang-ti), pour rendre le monde paisible et heureux. Alors (pour accomplir leur mission) ils doivent punir les criminels et protéger les innocents. (Livres sacrés de l’Orient, p. 84, § vii et note.) » (G. P.)

  1. Khoung-ing-ta sur ce paragraphe du Chou-king.
  2. Chi-king, ode Hoang-y, livre iii, ode 7.
  3. Le commentaire de Tchou-hi se trouve dans tous les Chi-king. Celui que j’ai actuellement s’appelle Tching-kiaï ; il est fort commun. Il commence par l’explication de Tchou-hi ; il fait ensuite du texte une belle paraphrase qu’il appelle ho-tsan ; il ajoute enfin des remarques sur le style, qu’il nomme Si-kiang. C’est au k. xxii, p. 1. (Pr)