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on ne peut être tranquille. Et voilà comment le Ciel nous aide, s’unissant à nous pour nous rendre heureux, en faisant que nous marchions constamment dans la voie de la vie éternelle[1]. »

Tsaï-yu-tchaï, écrivant sur un endroit de Meng-tsee, dit[2] :

« J’ai appris de mes maîtres que les deux joints dont on parle ici sont dans notre nature et nous sont donnés par le Ciel. L’un regarde le cœur de l’homme, l’autre le cœur de la raison[3] ; l’un et l’autre, c’est la nature de l’homme. Les cinq choses dont Meng-tsee parle en premier lieu sont les objets sensibles et se rapportent au cœur de l’homme ; les cinq autres dont il parle ensuite sont au-dessus des sens et appartiennent au cœur de la raison. Le cœur de l’homme, de soi, n’est point opposé à la loi céleste ; le cœur de la raison ne suit qu’elle. Dr, la raison et la matière viennent du Ciel, et de là on dit que ce sont les ordres que le Ciel nous donne. »

C’est la pure doctrine de Tchou-hi. « Le Ciel, dit-il, produit cet homme ; c’est comme l’empereur fait ce mandarin. L’homme a cette nature, comme ce mandarin a l’office dont on l’a chargé[4] » |

Et ailleurs : » Le Ciel produit l’homme et lui enseigne je ne

  1. Voici le texte de cette dernière phrase très-remarquable : 使有常生之道 ssè yéou tchâng sêng tchi tao : « [Cœlum] facit-ut habemus sempiternæ vitæ « viam, rationem. » (G. P.)
  2. J’ai déjà parlé de ce docteur et de ses commentaires Mong-yn. L’endroit de Meng-tsee se trouve à la page 24, de la IIe partie du chapitre tsin-tsin. (Pr.)
  3. L’un des meilleurs commentateurs du Chou-king définit clairement, selon nous, ce que l’on doit entendre par le cœur de l’homme et le cœur de la Raison. « Par le cœur de l’homme (jin sin), dit-il (Livres sacrés de l’Orient, p. 55, note 3), on entend ici son intelligence qui distingue le bien du mal, intelligence qui est maîtresse à l’intérieur, mais qui se laisse influencer par les objets extérieurs. En désignant l’inspiration née de la forme matérielle du corps animé, on l’appelle cœur de l’homme (jin sin) ou intelligence de l’homme ; en désignant l’inspiration née du principe de la Raison éternelle et de la justice, on l’appelle cœur de la Raison (tao sin) ou intelligence de la Raison étemelle, etc. » (G. P.)
  4. Dans le recueil Pen-cha, ch. xliii, p. 19. (Pr.)