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jours de barbares, et qui étaient déjà parvenus à une civilisation très-avancée bien des siècles avant l’époque où nos ancêtres vivaient encore dans les forêts de la Gaule et de la Germanie, ne nous inspirent maintenant qu’un profond dédain ! On entend tous les jours ces civilisés d’hier, vanter leur sagesse profonde, leurs lumières supérieures, et manifester pour tout ce qui les a précédés, le plus souverain mépris. On dirait que notre planète a attendu leur arrivée pour circuler dans l’espace, et le soleil pour éclairer le monde !

Le Journal asiatique a publié, dans les numéros de février et mai 1859, un Mémoire très-remarquable de M. Renan sur « la tendance au monothéisme des peuples sémitiques. » Ce mémoire a soulevé au sein de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dont M. Renan fait partie, de nombreuses objections plus ou moins fondées. En ce qui concerne la Chine, nous pensons qu’après avoir lu la lettre du P. Prémare, le savant auteur de l’Histoire générale des langues sémitiques ne soutiendra plus que le monothéisme « a été inoculé aux Chinois par des juifs ou des chrétiens[1]. » Il est vrai que les preuves nombreuses apportées par le P. Prémare, en faveur du Monothéisme des Chinois ont été contestées indirectement par d’autres missionnaires[2] ; mais à plus d’un siècle d’intervalle, le mis-

  1. « Aucune partie du monde n’a cessé d’être païenne que quand une de ces trois religions, le judaïsme, le christianisme et l’islamisme, y a été portée, et, de nos Jours encore, la Chine et l’Afrique arrivent au monothéisme, non par le progrès de la raison, mais par l’action des missionnaires chrétiens et musulmans.
    « Le contre-coup est toujours inférieur à la cause qui le produit, et si le monothéisme n’avait été inoculé à l’Arabie que par le contact des juifs ou des chrétiens, comme cela, par exemple, a lieu de nos jours pour la Chine, il y serait timide, indécis, mélé de restes des anciennes superstitions. » (Journal asiatique, février-mars 18S9, p. 215 et 250.)
  2. Voir entre autres écrits le Traité du P. Longohardi, jésuite sicilien, imprimé en espagnol dans l’ouvrage du P. Navarrete, intitulé : Tratados historicos, politicos, ethicos y religiosos de la monarchia de China, etc., por el P. Maestro fr. Domingo Fernandez Navarrete. Madrid, eu la Imprenta real, 1676, p. 246 et suiv.
    Ce même traité du P. Longohardi a été traduit en français par le P. de Cicé, dominicain, et publié sous ce titre : Traité sur quelques points de la religion des Chinois, par le P. Longobardi. Paris, 1701. Cette même traduction française a été réimprimée dans les œuvres de Leibnitz (t. iv, p. 170 et suiv., édit.