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commentaire 正義 tching-y (véritable sens) parle là-dessus d’une manière bien remarquable.

« L’homme, dit Khoung-chi[1], doit au Ciel sa naissance ; c’est le Ciel qui nous donne le corps et l’âme. Tout homme a un corps matériel et une nature spirituelle, une âme qui connaît[2]. L’homme étant ainsi fait, le Ciel ne cesse de l’assister. Ce n’est pas seulement en lui intimant les ordres après lui avoir donné un corps visible et un cœur intelligent ; mais il l’assiste encore d’une manière particulière, car il n’y a personne de nous qui ne pense, qui ne parle, qui n’agisse, qui ne discerne le vrai du faux et le bien du mal ; tantôt on est dans l’abondance et tantôt dans la disette. Il y a un usage à observer dans la manière de se vêtir et de se nourrir ; il y a une règle que l’on doit suivre dans quel que état que l’on se trouve ; mais c’est du Ciel que tout cela nous vient[3], il y a dans tout cela une Raison immuable que nous connaissons et qui est comme le droit chemin qu’il faut suivre. Si on le suit, on est heureux ; si on s’en écarte,

    peuple tranquille et fixe ; il s’unit à lui pour l’aider à garder son repos et son état fixe. Je ne connais point cette règle : quelle est-elle ? »
    Et le P. Noël, dans son Ethica sinensis, p. 216, l’a traduit ainsi : « Eheu ! Cœlum quidem occulta virtute populos stabilit, eosque ad simul cohabitandum colligit et adjuvat ; sed ego quonam modo dirigendus ac componendus sit universalis humana conditionis ordo, ignoro. Tu, quaeso, me edoce. » (G. P.)

  1. Ce Khoung-chi est Khoung-ing-ta dont j’ai parlé ci-devant ; et comme ce qu’il dit est fort beau, Wang-tsiao, dont j’ai aussi parlé ci-dessus, le rapporte tout entier dans son propre commentaire sur le Chou-king, k. ix, p. 30. (Pr.)
  2. Cette dernière phrase, dans le texte chinois, est à la suite de celle-ci, qui a été omise parle P. Prémare : 民受氣流行 min chéou khi lieôu hing « le peuple, le genre humain (c’est le sujet de tout le passage) reçoit l’éiément vital matériel (khi) qui coule et circule partout (liéou hing). Chaque individu (pour tout homme, etc. Pr.) a une nature qui est intelligente et un cœur qui connaît, qui raisonne : 各有性靈心識 ko yéou sing ling sin chi, etc. (G. P.)
  3. Le texte porte :
    無不稟諸上天 Woû pou pin tchoû chàng thién.
    Nihil (est quod) non provideat omnibus supremum cœlum. (G. P.)