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L’empereur Hoeï-tsong mourut misérablement hors de la Chine, dans le désert de Tartarie, nommé Cha-mo. « Hélas ! s’écrie Man-chan, que ce châtiment est terrible ! »

C’est donc ne connaître guère la jalousie des Chinois sur l’unité du souverain Seigneur que de s’imaginer qu’ils adorent cinq maîtres, mais c’est être peu jaloux de sa réputation que d’aller débiter de semblables rêveries.

Lo-pi[1] cite Yang-sou qui dit : « Le Ciel est unique ; comment peut-il y avoir cinq maîtres[2] ? » Les 五帝 ou-ti (cinq maîtres) sont cinq empereurs dont Fou-hi est le premier. Lo-pi cite encore Kia y[3] et Ma-jong[4] qui soutiennent aussi que ce sont des hommes. Mais sans avoir recours à ces autorités, qui a dit à ces écrivains que ce n’est pas le seul et vrai Seigneur qui est présent à tous les temps et à tous les lieux ; qui est un et qui est tout : xal sTç xai Tràvta, comme dit saint Grégoire ? Le ciel et la terre, les cinq éléments et toutes les créatures sont autant de symboles divers du même Créateur qui les a faites, qui seul n’a point d’égal : 至尊無丵 tchi tsûn woû touï (extremi excelsi non bini simul) et par conséquent ne peut pas être deux. C’est ce que dit le Li-ki : 尊無二上 tsûn woû eulh chang (excelsi non duo domini « il n’y a qu’un seul souverain. »

3o Le Chou-klng, chapitre Hong-fan, dit « que le ciel a des secrets ressorts pour rendre les peuples heureux[5]. » Le

  1. Lo-pi a vécu sous la dynastie des Soung (1123-1260). Il est fort versé dans l’antiquité, comme il le fait bien voir dans le livre qui a pour titre Lou-sse. On trouve là tout ce qui s’est jamais dit en Chine des temps soit fabuleux, soit incertains. C’est dommage que l’impression n’en soit pas plus belle. Ce que je cite ici se trouve à la fin de l’article 1er du chapitre V de ses Yu-lun, p. 5. (Pr.)
  2. Wang-xou vivait sous la fin des Han (202 ans avant Jésus-Christ). Le livre Khoung tsee kia yu est de lui. Il en a fait beaucoup d’autres. (Pr.)
  3. Kia-y, ministre d’État sous les Han ; il écrit bien. (Pr.)
  4. Ma-jong, sous les Han. Il fit des commentaires sur tous les livres anciens. (Pr.)
  5. Le père Gaubil, dans sa traduction du Chou-king (voir nos Livres sacrés de l’Orient, p. 89, § II), a ainsi rendu ce texte :
    « Le roi dit : Oh ! Ki-tse, le ciel a des voies secrètes par lesquelles il rend le