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cité dans [l’ouvrage de] Youen-leao-fan, s’exprime là-dessus en ces termes : « Entre tous les esprits célestes, celui qui mérite un respect sans bornes, c’est le Seigneur ; nos livres l’appellent 昊天上帝 Hao thién chàng ti, le suprême Seigneur du très-haut ciel. Le mot ti nous apprend qu’il est seigneur et maître ; on y ajoute thién, et à thién on joint hào pour dire que son domaine s’étend Jusqu’au plus haut des cieux. On dit enfin que ce Seigneur est suprême chàng, pour avertir qu’il n’y a point d’autres maîtres au-dessus de lui. C’est quelque chose d’extrême et on ne peut rien y ajouter. La grandeur du Ciel est au-dessus des paroles ; la majesté du Seigneur ne souffre point d’égal. Dans tout l’univers, il n’y pas un seul être que le Ciel ne produise, pas une seule affaire que le Seigneur ne gouverne. Lorsqu’on lui sacrifie, on n’ose faire de grands préparatifs ; on craindrait de lui marquer par là trop peu de respect ; comment donc oser lui offrir un titre creux et vain, comme celui de 玉皇 Yu hoang ? N’est-ce pas le comble du mépris ? Si un roi, bien que d’une vertu médiocre, voit un de ses sujets lui donner quelque nouveau titre honorable, il entre en colère et le chasse comme un vil adulateur. Dira-t-on qu’il n’y a que le Seigneur du ciel qu’on puisse impunément flatter par les vains titres qu’on lui donne ? Le roi sert le Ciel comme un sujet sert son roi. Si un sujet traite son roi avec mépris, il en est puni de mort ; comment donc un roi qui méprise le Ciel pourrait-il éviter le châtiment qu’il mérite[1] ? »

    fut promu docteur en 1586, et il occupa ensuite plusieurs mandarinats. Il fut membre du Ping-pou, ministre de la guerre. Il écrivit, outre l’histoire mentionnée par Prémare, et l’ouvrage que nous possédons, une Histoire des inventions ; un travail sur l’Histotre de la dynastie des Han ; un commentaire sur les King et les Sse-chou. Quant à Kiéou-sun, surnommé Man-chan, un exemplaire de son Ta hio yen i pou se trouve à la Bibliothèque de l’Arsenal à Paris. C’est un excellent ouvrage que nous avions eu autrefois l’intention de traduire. (G. P.)

  1. Kiouen xxxi, p. 48 du Li-sse-kang-kien-pou de Youen hao fan.