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et on prétend qu’il n’a point de figure. Je crains que cela ne puisse convenir au fait en question. Recourir aussi à ce que le peuple appelle 玉皇上帝 Yu hoang Chang-ti, ce serait encore pis. Quand Kao-tsoung voit en songe le Seigneur qui lui donne un ministre d’État, certainement il faut que ce Seigneur existe. Nier ce fait, ou dire que ce n’est que la Raison du ciel, cela ne se peut[1].

Ce qui embarrasse Tchou-hi, c’est qu’il ne conçoit pas comment un être spirituel peut apparaître sous une figure empruntée.

Il se tire plus aisément de l’endroit où Confucius se plaint qu’il ne voit plus Tchéou-koung en songe. Il suppose d’abord que Tching-tsee ne croit pas que Confucius vit quelqu’un en songe, et il répond : « Puisque le texte dit clairement que Confucius voyait en songe Tchéou-koung, dire nettement qu’il ne l’a point vu, je pense que cela ne serait pas juste[2] »

Quoi qu’il en soit, voici un véritable Seigneur qui apparaît en songe : le fait ne peut se nier. Ce n’est pas Yu-hoang Chang-ti ; ce n’est pas précisément la Raison du ciel ; ce n’est pas le Ciel matériel. Reste donc que ce soit 天帝 Thien-ti (le Seigneur du ciel), comme il le dit d’abord.

Sur ce même endroit du Chou-king, Tchang-chi parle ainsi : « Désirer nuit et jour avec toute la sincérité de son cœur un sage, c’est assez pour s’unir au cœur du suprême Ciel qui produit les sages. Or, le cœur de Kao-tsoung s’unissant ainsi au cœur du suprême Ciel qui fait les sages, comment le suprême Ciel ne répondrait-il pas aux sincères désirs du cœur de Kao-tsoung qui n’a demandé qu’un sage[3]. »

2° Dans le Ckou-king, chapitre Chun-tieu, on lit ces mots :

  1. Chou-king, chap. Tuë-ming. Le raisonnement de Tchou-hi est dans le Chou-king-ta thsiouen, chap, ou kiouen v, page 25. L’édition est en grandes planches. (Pr.)
  2. Ib., ch. xv, p. 8. Si Tchou-hi ne suit pas toujours les Tching-tsee, bien qu’il les regarde comme ses maîtres, il ne faut pas s’étonner que ses disciples le traitent assez souvent de la même manière. (Pr.)
  3. Tchang-wen-ouel est cité dans le Chou-king-ta-tsiouen, au même endroit. Je ne sais pas sous quelle dynastie il vivait ; mais ce qu’il dit s’accorde très-bien avec le Chou-King. (Pr.)