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ESSAI
SUR LE
MONOTHÉISME DES CHINOIS




Lorsqu’en 1844 nous publiâmes l’Esquisse d’une Histoire de la philosophie chinoise, puisée aux sources originales, nous avions pensé que, pour mieux prouver notre impartialité et notre bonne foi, dans une question aussi grave que celle de savoir si l’idée de Dieu et de l’âme a été connue et admise en Chine dès l’antiquité et avant l’arrivée des missionnaires chrétiens, c’était un devoir pour nous de publier, à la suite de notre propre travail, la Lettre suivante du P. Prémare, restée inédite jusqu’à ce jour, que personne n’avait citée avant nous, et dans laquelle le savant missionnaire a traité la même question, sinon peut-être avec toute l’impartialité désirable, au moins avec une connaissance des textes qu’il est difficile, même aujourd’hui en Europe, de surpasser[1].

Divers motifs, qu’il est inutile de rapporter ici, nous empêchèrent alors de donner suite à ce projet.

Il est vrai qu’aujourd’hui aussi, ces questions, qui passionnèrent si vivement, du temps de Leibnitz, le monde philosophique et le monde religieux, attirent à peine l’attention de quelques esprits d’élite. Ces peuples, que nous traitons tous les

  1. Le P. Prémare avait acquis une connaissance approfondie de la langue chinoise. Un de ses ouvrages, publié en 1831 à Malakka, un siècle après sa mort, sous le titre de Notitia linguæ sinicæ, 1 vol. in-4o, en est la meilleure preuve. Ce grand ouvrage grammatical a été traduit depuis en anglais par M. J. C. Bridgman, et publié à Canton en 1847, 1 vol. in-8o.