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c’est le souverain maître du ciel (et de la terre)[1]. »

Hou-ping-wen, sur le même texte, parle ainsi[2] :

« Depuis ces mots : il sortira [il est sorti] de l’Orient, jusqu’à ceux-ci : il accomplira sa parole sur la montagne[3], c’est l’ordre dans lequel toutes choses sont produites et mises dans leur dernière perfection. Mais qui leur a donné l’être, qui les a perfectionnées ? Il faut nécessairement qu’il y ait un maître absolu qui ait fait tout cela ; c'est pourquoi on lui donne le nom de Seigneur, »

Yu-yen, dans le même sens, dit a que le Seigneur c’est le


    « omnes res prodiere in plaga orientali ». Si on mettait la première phrase au futur. Il faudrait aussi y mettre nécessairement la seconde et dire : Tous les êtres sortiront de l’orient ; ce qui serait absurde. D’ailleurs le P. Prémare lui-même, dans ses Recherches sur les temps antérieurs à ceux dont parle le Chou-king, imprimés en tête de la traduction du P. Gaubil, traduit ainsi le même passage chinois : « Dans le chapitre Choue-koua, on lit ces mots : Le Ti ou le Seigneur a commencé de sortir de l’orient (p. 14). » — « On parle ici, dit Hou-ping-wen, de l’ordre avec lequel toutes choses ont été produites et parfaites. » — Voici, en outre, comment le P. Regis, dans sa traduction latine du Y-king, a interprété le même passage : « Supremus Imperator prodiil seu » manifestavit movendo omnia in Tchin, coordinavit distinguendo quæcunque » m Seuen » (t. 11, p. 570). Au surplus, la question n’est pas dans le temps du verbe. (G. P.)

  1. Ces mots de Tchou-hi, 帝者天地主宰 ti chè, thiên ti tchoù tsai, se trouvent partout. Je les ai actuellement sous les yeux dans l’Y-king de Khang-hi, k. xvii, p. 10. (Pr.) — Tchou-hi ajoute dans son commentaire ; Tchao tseu a dit : Ce koua, ou symbole, a été établi, rédigé ainsi par Wen-wang. C’est ce que l’on appelle la doctrine du ciel secondaire (héou thiên hio). » — Cette doctrine, qui est celle de Wou-wang et de Tchéou-koung, est ainsi nommée en opposition à celle de Fou-hi et du Y-king qu’on appelle « doctrine du ciel primordial (sian thiên hio) ». (G. P.)
  2. Hou-ping-wen, surnommé Yun-foung, fameux docteur de la dynastie des Youan (1260-1279), a fait des notes sur l’Y-king de Tchou-hi. Cet ouvrage est dans le beau recueil Sin-khan-King-kiaî, et s’appelle Pèn-i-thoûng-chi. C’est à l’art, viii, p. 3. (Pr.)
  3. Il n’est pas question de montagne dans le texte chinois. Le caractère kén (rad. 136) 4 que le P. Prémare traduit par montagne, signifie, selon le texte lui-même, qui le définit ainsi : kén : toûng pe tchi koua yè « signe symbolique de l’orient et de l'occident réunis, ou de la limite qui les réunit, là où toutes choses prennent leur commencement et là où elles accomplissent leur fin. » (G. P.)