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C’est donc dans notre âme que sont les idées des choses : 具衆理 (khiu tchoung li) ; et, suivant cette notion, Tchou-hi a raison de dire qu’il n’y a pas de Li sans Khi, ni de Khi sans Li[1]. En effet, il n’est point possible de concevoir trois angles égaux à deux droits, qu’on ne conçoive un triangle rectangle.

Le triangle rectangle, c’est comme le Khi ; trois angles égaux à deux droits, c’est comme le Li. Voilà peut-être le plus subtil de la philosophie des Soung-jou, et je ne vois rien dans cela qui me force à dire qu’ils sont athées.

    Ming (vers 1400 de J.-C.}. Il a travaillé sur les Sse-chou et l’Yi-king. Il appelle ses commentaires Mong-yn, c’est-à-dire « Guide des ignorants. » Il suit Tchou-hi en tout ce qu’il croit que Tchou-hi suit la raison. (Pr.)


  1. 理不離氣。氣不離理 Li pou li khi. khi pou li Li.
    Spiritus non distat(à) Materia. Materia non distat(à) Spiritu.

    Tchou-hi, dans sa dissertation sur le Tai-khi (Œuvres complètes, K. 57, f° 42-66) résume ainsi sa discussion : « La vérité est que cet être (Wou-khi « sine terminis ») est dépourvu de côtés, dépourvu de formes visibles. Il est considéré comme ayant une existence antérieure à celle des autres êtres corporels qui tombent sous les sens ; et il ne cesse point de subsister après que leurs formes corporelles ont cessé d’être. Il est considéré comme en dehors du principe mâle (Yâng) et du premier principe femelle (Yin), et il ne cesse jamais d’exercer son action au sein de ces deux premiers principes, il est considéré comme pénétrant et reliant toutes les substances, n’y ayant aucun lieu où il ne soit ; alors on peut encore dire de lui qu’il est originairement sans son, sans odeur, sans ombre et sans écho. Maintenant, si, d’après Lou-thseu-tsing, l’Être sans limites (Woû-khi), n’est pas tel qu’il vient d’être dit, alors c’est le Thaï-khi ou grand faîte, qui est revêtu de formes corporelles visibles, qui a des côtés, etc. » (G. P.)