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ce terme en deux sens ; quelquefois pour dire Tao, la Raison éternelle, que Lien-ki, son maître, appelle 無極 Woû khi (sine termino), et qu’on pourrait absolument nommer aussi 太極 Thaï-khi (magnus terminus), et quelquefois encore pour signifier l’idée ou la propriété, comme on dit dans l’école : la raison de chaque chose. C’est ce que le Chi-kîng, ou Livre des vers, appelle tse, quand il dit : « Il n’y a point d’être qui n’ait sa nature, son essence[1] » On dit aussi 當然 tang-jên dans le même sens. Tchou-hi ne pense pas autrement ; car en écrivant sur le texte du Chi-king, cité ci-dessus, il dit « que chaque chose a sa nature propre, et que quand on dit pénétrer la raison, c’est pénétrer cela[2] » Et ailleurs : « Parmi tout ce que le Ciel produit il n’y a rien qui certainement n’ait la raison propre qui lui convient[3]. » Enfin il soutient « que Tao c’est le Li propre (le principe propre) de chaque chose[4] » On dirait


    Œuvres complètes, kiouen xlvi, f° 12-19. Tchou-hi commence par comparer le Li à un fil de soie que l’on tient dans la main et dont on ne peut démêler tous les brins qui le composent ; il le compare encore à un panier fait de tiges de roseaux. (G. P.)


  1. 有物有則 Yeoù we yeoù tse :
    « habetur res, habetur norma. »
  2. Sing-li-hoei toung, k. xxii, f° 23.

  3. 天之生物必有箇 Thiên tchi seng we, pie yéou ko
    Cœlum » producendo res, (eæ) debent habere certum
    當然之則。 thâng jân tchi tse.
    rationi consentaneum sic exemplum.
    (Chou-king, ta tsiouen, k. iv, p. 15.)

  4. 道者事物當然之 tâo tchè sse we thâng jên tchi
    Ratio quæ actionum rerum rationi-consentaneum : hoc
    理也。 Li yé.
    Principium-immateriale (est)
    (Sing-li hoeï toung. ki. xlii, p. 21.)