Page:Premare - Lettre inédite du P. Premare sur le monotheisme des Chinois, edition Pauthier, 1861.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même chose dans ces fameuses paroles qu’il a mises en tête de son système 無極而太極 wôu khi eulh thaï khi (sine termino et magnus terminus) « L’être illimité et le grand terme. » Par wôu khi il entend la Raison éternelle qui a fait toutes choses, et par thaï-khi il entend la Matière encore dans le chaos.

Cette explication n’est point de moi ; c’est des Chinois mêmes que je l’ai tirée[1]. Yang chin-tsee[2] expliquant ces mots y yeoû thaï khi, cités dans la note précédente, « dit que la lettre y, dans cet endroit, ne dénote point ce monument antique qu’on nomme Y-king, mais qu’elle désigne cette Raison suprême qui, dans ses productions, n’a point de bornes ; car, avant qu’il y eût de Thaï-khi, cette Raison infinie existait dès lors, et c’est ce que Tchéou Lien-ki appelle l’être illimité (wou-khi : sine termino.)[3] »

  1. Elle n’en est pas moins sujette à contestation. Nous avons donné dans notre Esquisse historique de la philosophie chinoise, le tableau figuré du Thaï khi avec la traduction du commentaire. Nous nous proposons de pubier un jour la traduction complète du Sing li thsing i, qui est une édition officielle, publiée en 1717, par ordre de l’empereur Khang-hi, de la philosophie formulée sous les Soung, et réduite à ses parties essentielles (G. Pauthier).
  2. Yang-chin-tsee a vécu sous la dynastie des Youen (1260-1368). Il a fait un beau commentaire sur l’Yi-king, qu’il nomme Y-tsi-chouë. On le trouve dans le magnifique recueil Sin kan King kiai en 60 tao. (On appelle tao dix ou douze volumes chinois renfermés dans un même carton.) C’est au kiouen ix, p. 22, que se trouve le passage cité. (Prémare.)
  3. Voici le texte chinois

    此易字非書也。生生不 Thséu i tséu feï choû yè sêng sêng pou
    Hoc I (a) verbum, non Librum (indicat). Entium entium non

    窮之理也。蓋未有太 khioung tchi li yè. kal wei yeou Thaï
    exhauriendorum Causa (est) >. Enim nondum existens « Magnus

    極之先。己有個生生不 Khi tchi sién ki yeàu ko sêng sêng pou
    Terminus ; » hæc ante-erat ; ipsamet qui-est (b) entium entium non

    (a) Changer, principe pur, les générations et les corruptions se succédant l’une à l’autre (Dictionn. de Basile.)
    (b) Particule numérale pour les personnes.