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en cinq sortes d’êtres qui sont l’eau, le feu, le bois, le métal et la terre. Mais ces cinq sortes de matières ne sont réellement que les deux d’où elles sortent. Comme ces deux ne font réellement qu’une seule et même masse, mettez dans cette masse et dans toutes ses parties ce qu’on appelle Li, et vous avez le système entier.

Toute hypothèse du monde suppose nécessairement l’existence d’une matière. Les philosophes chinois l’ont nommée Khi. Ce n’est point du tout l’esprit qui anime le corps, mais un être qui n’est point sensible et qu’on considère comme une eau invisible et non encore congelée. Sitôt qu’elle se prend et devient palpable, ce n’est plus Khi, c’est Hing, un corps qui a forme et figure. Pour que ce Khi devienne un corps, il faut du mouvement, et l’idée du mouvement les a conduits à celle du repos. De plus, ils ont vu qu’il y avait dans le cours d’une année deux points fixes : l’un du grand chaud, après quoi le grand froid vient peu à peu ; l’autre du grand froid, après quoi la chaleur recommence de même. Dans un jour il y a le point de midi et le point de minuit ; dans notre vie il y a la force de l’âge, après quoi on ne fait plus que dépérir. Enfin dans la respiration, nous poussons et attirons l’air tour à tour et sans cesse.

Fondés sur ces expériences il a plu aux philosophes chinois modernes d’appeler Yâng la matière tant qu’elle va croissant, et de la nommer Yîn sitôt qu’elle commence à décroître.

Il est manifeste que le mouvement ne finit point, soit que j’aille, soit que je vienne, si je marche toujours ; il leur a cependant encore plu d’appeler toung, mouvement, tout le temps que la matière met à croître, et d’appeler thsing, repos, celui qu’elle emploie à décroître. Le mouvement, par exemple, commence à renaître dans l’instant du solstice d’hiver et va toujours en augmentant jusqu’au solstice d’été, et, dès ce moment, commence le repos qui va toujours en augmentant jusqu’au solstice d’hiver. De là ils ont conclu que la durée de l’univers