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LE MARI DE LA POÉTESSE

Je brûle d’entendre cette histoire de portrait qui vous change en pierre, à propos de cette personne qui a le don d’opérer sur nous deux des miracles. J’en viens de recevoir, après trois mois de silence complet, un petit billet, par lequel elle me conjure de vouloir bien la mettre au nombre de mes amis les plus dévoués. Quel dévouement ! Dans le temps que je le voyais tous les jours, je l’appelais mon ennemi intime. Depuis, l’intimité a cessé. Je vous demande ce qui reste

Évidemment, l’homme était redouté. La commission bien malaisée à exécuter. Après de longues tergiversations, Latouche, pour plus de vingt ans, allait garder ce fameux portrait, et aussi son influence dominatrice sur la pauvre femme qui l’adorait presque malgré elle.

Au milieu de toutes ces angoisses, il avait fallu remonter sur les planches, devant un public inconnu et exigeant. Le répertoire de province dans son épuisante variété.

Ah ! Valmore n’avait plus à se plaindre de son oisiveté ! Tragédie, comédie, drame, tout lui était bon. Il jouait le Sylla, de M. de Jouy, en s’efforçant d’imiter Talma, qui, dans cette pièce médiocre, avait obtenu un immense succès, en imitant l’Empereur ; il jouait Les Fourberies de Scapin et Le Dépit amoureux, Le Joueur de Regnard, Les Châteaux en Espagne, de Colin d’Harleville, l’insupportable