Page:Praviel - Le Roman conjugal de M. Valmore, 1937.pdf/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

jeune homme ; non seulement les vers de sa femme, qu’il ne pouvait se défendre d’admirer, l’irritaient en secret, mais encore il ne se sentait nullement fait pour cet autre rôle de second plan que Marceline lui offrait. Il voulait triompher, lui aussi, connaître la gloire plus bruyante des bravos, gagner de l’argent, être le premier dans le ménage. Il imposa l’engagement de Lyon ; et il partit seul, en avant, ayant accordé, en manière de concession, quelque délai pour achever de tout régler.

Première séparation : elle ne fut pas très longue. Cependant elle ne manqua pas d’engendrer quelque froideur. Valmore, qui a religieusement conservé les lettres de sa moitié, en avait bien peu de cette époque, où elle vivait un nouveau drame d’une inénarrable douleur. Mais tout la pressait de partir. Il fallait sans retard aller jouer la comédie.

Avant de s’éloigner — pour combien de temps ? — quels gages de son amour tremblant et coupable donna-t-elle à Latouche ? Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’elle lui laissa son portrait, un portrait que, quelques mois après, elle désirait ardemment se faire rendre. Tout n’était-il pas fini entre eux ? Elle le connaissait, ne doutait pas de sa vie frivole, inconstante, volage. Avec quelles femmes ne riait-il pas maintenant, en leur montrant cette image déjà tout éplorée ? Comme elle n’osait pas la lui demander, elle l’écrivait à mots couverts à Sophie Gay, qui lui répondait :