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LE MARI DE LA POÉTESSE

empressé de se substituer à lui, et l’amitié de M. de Latouche lui causait plus de torts qu’elle ne lui donnait de droits.

Valmore était tragédien. Il n’acceptait pas de passer par la petite porte, de jouer des utilités ; il avait été Achille, Oreste, Jupiter ; il ne serait pas Albin ou Fabian. En attendant mieux, il se décida à aller interpréter les grands premiers rôles à Lyon, sous la direction d’Alexis Singier. Marceline l’y accompagnerait, à titre de forte ingénuité, comme à Bruxelles.

Cela n’alla pas sans quelques difficultés. En ce moment, la jeune femme répugnait extrêmement à quitter Paris. Nous devinons pourquoi :

Deux cœurs mariés s’entendront toujours,

dit-elle dans L’Étonnement. Mais il faut bien comprendre de quel mariage il s’agit ici, et de quelle entente, qui persiste malgré les liens légaux. Elle objectait ses travaux littéraires, la nécessité de poursuivre de près une carrière si bien commencée ; on rééditait les Élégies et les Romances ; elle préparait Les Veillées des Antilles, quatre longues nouvelles en prose, qui certainement seraient un grand succès de librairie, après ce qu’avaient obtenu ses poésies. Ces ouvrages seraient signés Desbordes-Valmore, cette fois. Ainsi, Prosper leur serait-il associé.

Cette attention touchait médiocrement le