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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

Si donc Prosper a joué sans trop se fâcher le rôle éminemment délicat de mari d’une femme de lettres, ce n’est pas qu’il ait placidement accepté que son épouse exhalât du soir au matin des soupirs d’amour, qui, notoirement, ne s’adressaient pas à lui ; mais c’est qu’il se voyait bien obligé de se rendre aux bonnes raisons qu’on lui fournissait.

Qu’il ait reçu amicalement M. de Latouche, qu’il ne l’ait pas soupçonné, qu’il l’ait considéré comme son ami et son protecteur, quoi de plus naturel ? Ce rédacteur au Constitutionnel, cet homme important et souriant, n’éprouvait aucun amour coupable pour Marceline, c’était visible. D’autre part, il était réellement dévoué pour son ménage et sa famille. Ricane qui voudra. Il le demeura, de très longues années.

Tout ce que nous venons de dire n’altérait pas la parfaite union du ménage, puisque, le 2 janvier 1820, il leur naissait un second enfant, Hippolyte, le seul qui dût leur survivre[1].

En même temps, s’avérait un fait actuel : c’est que, si la jeune mère avait conquis déjà l’audience des salons et des lettrés, s’il s’affirmait qu’elle pouvait espérer prendre place dans ce grand Paris, qui renaissait à la poésie, son mari éprouverait de très grosses difficultés à rentrer dans ce Théâtre-Français où il avait subi une chute si malencontreuse. On s’était

  1. Il est mort le 2 janvier 1892, exactement à soixante-douze ans.