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LE MARI DE LA POÉTESSE

tout Paris. De quel prestige ne jouissait-il pas aux yeux de ce jeune acteur, dont, par-dessus le marché, il était l’aîné de sept ou huit ans ?

Reçu avec admiration par le mari, qu’il éblouissait de sa faconde et de ses projets, Latouche se réinstallait auprès de Marceline. Très librement, maintenant, on causait à trois de ce premier livre, Élégies, Marie et Romances sorte d’« olla podrida », qui avait enfin paru sous la simple signature de Mme Marceline Desbordes, à la librairie française et anglaise de François Louis, 10, rue Hautefeuille. On en commentait le succès. On préparait une deuxième édition, d’où l’on extrairait Marie, nouvelle en prose, que l’on réservait pour un volume de récits à intituler Veillées des Antilles : et cette deuxième édition, Prosper l’exigeait, et son père aussi, serait signée Desbordes-Valmore. Ils étaient fiers de leur poétesse. En attendant les triomphes du théâtre qui ne pouvaient manquer au tragédien, une belle place dans la littérature était marquée à sa femme. Ils s’en réjouissaient, sans jalousie d’aucune sorte.

Peut-être, ici, certains seraient tentés de mal juger Prosper. Les uns le taxeront de légèreté, peut-être de complaisance coupable, ou, ce qui peut sembler pire, de sottise. Tous ces jugements sont injustes.

On pourrait plaider l’aveuglement : sur ce chapitre, que ne pourrait-on plaider, puisqu’il s’agit d’un jeune homme et surtout d’un comé-