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LE MARI DE LA POÉTESSE

commençais à rassembler les incorrections et les hardiesses dont je ne me doutais pas…

Et elle soupirait en même temps, toute tremblante :

D’où sait-il que je l’aime encore ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il dit que l’amour sait attendre

Et deux cœurs mariés s’entendre !
Et ce lien défait par lui

Il vient le reprendre aujourd’hui.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Je n’ai rien trouvé à répondre ;

Dans sa voix qui sait me confondre
Le passé vient de retentir.

Après la victoire de l’édition de Chénier, Latouche pouvait, plus que quiconque, servir son ancienne amie, l’imposer aux libraires et à la critique ; mais, pour cela, il lui fallait une pleine liberté. Il n’acceptait pas de l’aider et de la recevoir honteusement, dans l’ombre. De son appartement de la rue des Saints-Pères, il lui écrivit, le 5 octobre 1819, comme il se serait adressé à une femme de lettres qu’il n’aurait jamais rencontrée. En lui envoyant les poésies de Chénier, il lui demandait avec une courtoisie parfaite la permission d’aller la saluer chez elle.

Il me semble, disait-il, que je m’y présenterai comme un ami, tant vos écrits m’ont déjà fait connaître et estimer l’auteur.

Elle lui répondit sur le même ton, mais avec