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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

phes de Marceline l’avaient enthousiasmé. Il était convaincu que la gloire les attendait tous deux, mais à Paris. Là seulement trouveraient-ils des théâtres et des éditeurs dignes de leur talent. Aussi ne cessait-il de presser sa bru de réunir ces romances, ces pièces éparses qui avaient obtenu déjà tant de succès et d’en former un volume.

Prosper et sa femme ne demandaient qu’à se laisser convaincre. C’est alors qu’ils formèrent fermement le projet dont l’échec obstiné a rempli leur vie de misère et de ruines : pour lui, rentrer au Théâtre-Français et y conquérir les premiers rôles ; pour elle, abandonner la scène et régner dans le monde littéraire.

Comment amorcer un tel programme en demeurant à Bruxelles, et en consacrant au Théâtre de la Monnaie la majeure partie de leur temps ? « Qui ne risque rien n’a rien », dit un proverbe cher à tous les téméraires. Ils décidèrent de ne pas continuer à s’enliser à l’étranger. Par un coup de tête qui devait leur être trop familier, ils prirent prétexte des nouvelles espérances de maternité de Marceline pour résilier leur engagement.

Les voilà donc Paris, dès le printemps de 1819, Valmore en train de courir chez les directeurs et sa femme après les éditeurs.

Quand on s’est beaucoup surexcité avant de tenter de pareilles équipées, la désillusion et les déboires ne sont que plus amers. Dans ce couple naïf, qui lâchait ainsi trop aisément la