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CONTINUATION DES MALHEURS

dans cette existence tourmentée ? Elle commençait peut-être à le croire, lorsque soudainement l’enfant auquel elle avait voué ses folles réserves de tendresse lui fut enlevé par la mort, le 10 avril 1816. Il y avait à peine sept mois qu’elle avait trouvé asile à Bruxelles. Ce fut pour elle un coup terrible, dans son isolement et dans sa situation équivoque. Un brave homme se trouva là, cependant, pour adoucir ce que cette situation aurait eu, publiquement, de plus pénible. Le caissier du théâtre, M. Jean-Eugène de Bonne, se chargea d’aller inscrire le décès, en se déclarant tout à la fois le père de l’enfant et le mari de la mère. Ainsi tout aveu humiliant fut évité…

Quel était cet excellent M. de Bonne ? Lui aussi, s’est effacé dans l’ombre propice où ont disparu tant d’amis et de protecteurs éphémères. Il fut là seulement au moment où il fallait pour aider la jeune ingénuité en des jours particulièrement cruels. Nous n’avons pas besoin d’en savoir plus.

Ce que nous ne pouvons ignorer, c’est que le deuil de Marceline fut atroce. Deux mois après, elle écrivait à son frère :

Je suis si anéantie de larmes, ma tête et mon cœur sont si en désordre que je ne sais même pas me plaindre d’un malheur qui me tue. J’avais tout supporté avec courage, mais, mon cher ami, ce dernier coup m’a frappée au cœur !