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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

en nourrice à la campagne. Comme la Claudine qu’elle avait jouée avec tant de conviction, elle allait aborder la vie affreusement pénible de la femme qui n’a pas seulement à penser à elle, mais qui, sans ressources, doit lutter et travailler pour deux.

Que devenir ? Elle avait gardé des relations avec Bruxelles où, quelque dix ans auparavant, elle faisait une fugue si malencontreuse. Pourquoi n’essaierait-elle pas de revenir à ce Théâtre de la Monnaie, où, naguère on l’avait bien accueillie ? Ainsi, elle quitterait Paris, ne serait plus exposée à rencontrer encore l’homme dont l’image vivante continuerait à hanter sa vie…

Ses démarches, rapidement menées, furent couronnées de succès. Le 11 septembre suivant, elle débutait dans le rôle de Charlotte des Deux Frères et dans celui d’Angélique de L’Épreuve nouvelle. Elle plut d’emblée au public, et recommença de renaître à l’espérance.

Acceptée dans le même emploi qu’à l’Odéon, elle reprenait ses rôles habituels, son répertoire souvent médiocre et niais, mais qu’elle savait du moins par cœur et qui ne l’obligeait pas à un gros travail personnel. Elle gardait suffisamment de temps pour s’occuper de son fils, triste consolation de sa pauvre existence. Des appointements honorables lui permettaient de suffire à ses besoins, et même d’envoyer une petite pension à son père.

Y aurait-il une lueur de calme et de bonheur