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CONTINUATION DES MALHEURS

Adieu, mon âme se déchire !
Ce mot que dans mes pleurs je n’ai pu prononcer,
Adieu ! Ma bouche encor n’oserait te le dire,
Et ma main vient de le tracer.

Il semblait bien, à ce moment, que son roman fût terminé, et qu’elle eût le triste droit d’y mettre le point final. Il ne faisait que commencer.

« Les malheurs vont toujours par troupes », dit le roi Claudius, dans Hamlet. Mlle Desbordes se révélait-elle trop absorbée par ses chagrins intimes ? Sa liaison avec un jeune auteur dramatique lui avait-elle déjà créé des ennemis ? Ne voulait-on plus à l’Odéon, réorganisé après les Cent Jours, de la maîtresse d’un sous-préfet bonapartiste ? Quoi qu’il en fût, elle se vit brutalement exclure de ce théâtre, où, depuis trois ans, elle avait tant travaillé sans joie et sans grand profit. La décision était irrévocable. Elle fut maintenue, malgré l’appui très dévoué de ses camarades, qui sollicitaient, au contraire, pour elle, le sociétariat aux appointements de 3.000 francs annuels, et qui, en désespoir de cause, se dévouèrent pour donner une représentation à son bénéfice.

On sait le temps que durent de pareils enthousiasmes. Dans un moment tragique, où de nouveau le monde cherchait son équilibre, Marceline se retrouvait seule, sans appui, sans moyens d’existence, avec un enfant sur les bras : le petit Eugène allait atteindre ses cinq ans. Impossible de le laisser plus longtemps