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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

Comme Dieu veut qu’ils soient payés de larmes,
N’en écris plus…

C’était prudent. L’heure n’était guère propice aux longues amours. L’ébranlement de 1815 allait encore tout détruire, même dans les cours. L’âme républicaine de Latouche frissonna en apprenant que l’Empereur avait quitté l’île d’Elbe. Les rêves politiques qui devaient agiter une grande partie de sa vie l’obsédèrent. Il vint s’offrir au gouvernement qu’il avait déjà servi.

Le voilà secrétaire du maréchal Brune, victime désignée aux fureurs populaires de la Terreur blanche. On le nomme sous-préfet de Toulon. Il part, la rafale l’emporte. Marceline, qui a cru le reconquérir, pour qui rien n’existe que son amour, le regarde s’éloigner sans pouvoir en croire ses yeux. Le retour de l’île d’Elbe, l’Europe bouleversée, les rois en fuite, Waterloo, qu’est-ce que cela, quand on s’aime vraiment ?

Malheureusement, elle se voyait obligée de s’en convaincre, Hyacinthe ne pensait pas ainsi. Il avait sa vie à construire sur les plans difficiles que lui dictait son ambition. Il n’allait pas y renoncer pour filer une idylle, déjà un peu ennuyeuse, avec cette petite actrice de l’Odéon. C’était éclatant, irréfutable. Et elle s’écriait :

Il est fini, ce long supplice !
Je t’ai rendu tes serments et ta foi,
Je n’ai plus rien à toi…