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CONTINUATION DES MALHEURS

Pouvait-elle hésiter, se refuser à ce qu’elle aurait payé de son sang ?

Dieu ! sera-t-il encor mon maître ?
Mais, absent, ne l’était-il pas ?

Une autre peut-être se serait souvenu avec quelle désinvolture Latouche avait abandonné à son sort pour le moins incertain sa jeune maîtresse et son enfant ; elle aurait fait attendre son pardon, l’aurait mêlé de reproches et d’exigences pour l’avenir… Celle-là n’aurait pas été terrassée par un amour implacable autant qu’absurde. Marceline nous l’a révélé dans un de ces vers d’un seul jet qui font sa gloire :

Fierté, j’ai mieux aimé mon pauvre cœur que toi !

Cependant, par moment, la raison reprenait en elle son empire. Elle savait fort bien que son amant ne serait pas fidèle, qu’il ne pouvait pas se lier à elle pour l’éternité. Elle essayait de transformer sa passion brûlante en amourette, en caprice dont elle n’ignorerait pas la fragilité. Pourquoi ne s’aimeraient-ils pas tous deux comme tant d’autres ? Elle lui écrivait ces strophes adorablement sincères :

Puisque c’est toi qui veux nouer encore
Notre lien,
Puisque c’est toi dont le regret m’implore,
Écoute bien :

Les longs serments, rêves trempés de charmes,
Écris ou lus,