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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

Talma eux-mêmes. On racontait même qu’un jeune homme avait rompu son mariage, parce que sa fiancée put assister à Misanthropie et Repentir, sans avoir les larmes aux yeux. Il ne faisait pas bon, alors, de ne pas pleurer !

Marceline, elle, pleurait et s’évanouissait à merveille ; on la retrouvera ainsi dans Clémence et Valdemar ou le Peintre par amour de Pelletier-Volméranges, Eveline, de Rigaud, Les Querelles de ménage, de Doros et X***, et encore dans des pièces plus littéraires. Par exemple, La Coquette fixée, comédie en trois actes, en vers, où l’abbé de Voisenon avait essayé de reprendre et de développer le thème de La Princesse d’Élide.

Un jeune officier, Dorante, guidé par son ami Clitandre, s’est chargé de fixer le cœur changeant d’une coquette. Il y parvient comme de juste en affectant l’indifférence et l’amour pour une autre. Il réussit dans son jeu à un tel point que la coquette, réellement transformée et pénétrée enfin d’un véritable amour, ne sait comment lui prouver son attachement : elle met en gage ses bijoux les plus précieux pour lui faire obtenir le brevet d’un régiment. Pensez avec quel cœur et quelle conviction Marceline jouait encore cela !

Peut-être, à ces jeux d’esprit, un peu lents et un peu subtils, préférait-elle les secousses d’un drame comme Le Déserteur, trois actes en prose de Sedaine, auxquels le vieux Montigny avait ajouté une charmante musique de scène.