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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

soupçons notoirement injustes. Au fond, elle en éprouva une grande douceur. Il revenait à elle, puisqu’il s’inquiétait à ce point de sa vie quotidienne. Hélas ! Il n’y avait là que des prétextes à querelles, de quoi rendre l’existence insupportable.

D’autre part, comment la pauvre petite, sans ressources, serait-elle demeurée à Paris ? Une seule issue s’offrait à elle : rejoindre aux environs de Rouen ses sœurs aînées, chez qui elle avait mis son enfant en nourrice. Il semble que, pour ménager sa dignité, elle prit l’initiative de rompre avec son « perfide amant ». Au mois de décembre 1811, elle disparut.

Latouche, qui n’était pas beaucoup plus heureux, méditait, lui aussi un exode. Sa femme légitime lui avait donné un fils, Léonce, mais les naissances, qui rapprochent dans les foyers vraiment unis, séparent au contraire les époux qui ne s’aiment pas, comme les couples illégitimes. Mme de Latouche, qui ne pouvait s’accommoder ni de la conduite ni de l’humeur de son mari, se retira avec quelque éclat chez ses parents, les Comberousse. Et comme à toutes ces contrariétés venaient s’ajouter en foule des ennuis d’argent, notre jeune poète songea, lui aussi, à s’éclipser le plus galamment et le plus profitablement du monde.

Au printemps de 1812, il obtint un congé de son administration, puis, quelque temps après, sa nomination en Italie. Il partit à pe-