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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE


D’un ruban signée
Cette chaise est là,
Toute résignée
Comme me voilà !

Au bout de quelques mois, Marceline sentit fort bien que ce qui était devenu pour elle une passion dévorante n’était pour Hyacinthe, n’avait jamais été qu’un caprice. Sa vie à elle en demeurait bouleversée. Elle ne pensait plus au théâtre, à l’art, à sa carrière ; après de si brillants et si étonnants débuts, elle avait plongé dans l’oubli : lui ne pensait qu’à concourir à l’Académie ou à faire jouer sa comédie en vers, Les Projets de Sagesse, tirée d’un conte de Voltaire et décorée de cette épigraphe empruntée au même écrivain qu’il regardait comme son maître :

Nous tromper dans nos entreprises,
C’est à quoi nous sommes sujets ;
Le matin, je fais des projets
Et, le long du jour, des sottises.

Aussi, ses visites s’espaçaient-elles. « Il n’aimait pas… J’aimais ! » écrivait-elle. Mieux que bien des phrases, ces simples mots résument le problème.

Tout ceci se compliquait, d’ailleurs, de l’événement qui est la terrible pierre de touche de l’amour. La pauvre « forte ingénuité » était enceinte.

Qu’allait-il se passer ? Son amant ne pouvait en aucune manière se charger de l’enfant,