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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

mystiques et pures de Marceline, serait aussi périlleux que de croire à la sincérité de Raphaël et des Confidences.

Ne croyons point que Caroline Branchu et Délie Amoreux ont perverti une pauvre petite innocente ; mais en cette année 1808, année d’oisiveté, de découragement, d’angoisse, il est sûr que c’est grâce à elles que Mlle Desbordes a rencontré l’Amour, c’est-à-dire cette maladie nettement cataloguée à laquelle tant de gens échappent, mais qui marque, empoisonne, torture ceux-là qu’elle atteint.

Parmi ses relations, Délie ne comptait pas seulement des Anglais, mais un jeune Berrichon, employé dans les bureaux des Droits réunis, où, d’ailleurs, il travaillait très peu, car il ne rêvait que de poésie et de théâtre. Il comptait déjà à son actif un Denys à Corinthe ou le Tyran maître d’école, et il espérait, grâce à la grande coquette, forcer les portes de l’Odéon. On a reconnu Hyacinthe-Joseph-Alexandre Thabaud de Latouche, dont il a été dit tant de mal qu’il faudrait bien tout de même essayer d’en tracer un portrait impartial[1].

Il sortait d’une vieille famille provinciale, installée à La Châtre, à l’ombre du château seigneurial des Chauvigny, au bord de l’Indre

  1. Sur H. de Latouche, il est indispensable de consulter l’ouvrage de M. Frédéric Ségu, Un romantique républicain, auquel nous avons beaucoup emprunté.