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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

admirable cantatrice, tellement acclamée dans la Didon, de Marmontel et Piccini, dans l’Alceste, de Glück, que l’Empereur lui-même avait voulu, disait-on, la complimenter de très près. Elle ne s’effarouchait pas de grand’-chose. Jusqu’à la fin, à travers une existence un peu bousculée par la mort de son mari chez les aliénés, elle ferait profiter sa jeune amie de sa faveur, de ses ressources, et aussi de ses conseils, qui n’étaient pas tous très bons.

Il y avait encore Délie Amoreux, née en Grèce, d’un consul général de Louis XVI à Smyrne, et grande coquette à l’Odéon. M. Valmore, qui la connaissait, l’a ainsi dépeinte :

Talent passable, mais de grands yeux orientaux, un grand éclat, des traits réguliers, fort séduisante. Elle ne manquait pas d’esprit, ne médisait jamais, ne cherchait point à nuire à ses camarades. Cœur excellent et facile. Jalouse pourtant.

En réalité, une joyeuse commère, qui, elle, ne devait nullement plaire à Napoléon, car elle raffolait des Anglais et de leurs goûts ; elle devait même finir à Londres, auprès d’un lord immensément riche. Pour le moment, sa plus grande joie était de souper gaiement avec des gentlemen, en des festins où ne manquaient ni roastbeefs ni beefsteaks.

Ce n’étaient pas ces deux compagnes, qui