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UNE JEUNE PREMIÈRE

donna une ampleur et une autorité extraordinaires. Plus tard, M. Valmore, aux côtés de sa femme, s’y essaierait à son tour.

Quant à Madame de Sévigné, la pièce, malgré ses vers amphigouriques et rocailleux, ne constituait qu’une sorte de mélodrame, consacré aux malheurs de la marquise et aux frasques de son fils Charles. Celui-ci joue comme un perdu, séduit une paysanne, Charlotte : on a déjà deviné que, puisqu’il y avait là une fille séduite, ce devait être Marceline… À la fin, grâce à l’intervention du bon jardinier Pilois, tout s’arrangeait, non sans que l’on eût beaucoup pleuré. Et Bouilly se montrait tellement ravi de son interprète qu’il promettait d’écrire un rôle pour elle, un rôle avec beaucoup de larmes.

… Bref, elle semblait tout à fait lancée, et cependant, au bout d’un an, après avoir joué encore Paul et Virginie, et chanté, Le Grand-Père ou les deux ânes, petit opéra de Jadin, elle ne crut pas pouvoir renouveler son engagement.

Pourquoi cela ? Nous nous trouvons ici en présence d’un de ces arrêts singuliers et brusques, d’une de ces secousses qui ont cahoté toute l’existence de Marceline. Si, à ce moment, elle avait eu la patience d’attendre, sa carrière théâtrale était assurée. Hélas ! la chose s’avérait impossible. Elle n’avait pu continuer d’abuser de l’hospitalité de Grétry, car elle était fière, et ses appointements ne lui