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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

valet de ce Léandre, Pierrot amoureux de la soubrette Colombine… Il annonce le retour de son maître. Comme on prépare un dîner pour le recevoir, Cassandre s’en aperçoit, et pour surveiller les amants, se cache derrière un portrait, d’où il assistera à tout sans être vu. De là s’ensuivent, jusqu’au double mariage final, des scènes d’un comique facile, où acteurs et chanteurs — brillaient à qui mieux mieux.

Cependant, Marceline se trouvait plus à l’aise dans des œuvres moins légères et plus sentimentales. Elle faisait couler des ruisseaux de larmes dans deux pièces de J.-N. Bouilly : L’Abbé de l’Épée et Madame de Sévigné, machines assez énormes créées au Théâtre-Français.

Elle se montra, paraît-il, prodigieusement touchante dans le rôle historique du pauvre petit sourd-muet, fils du comte de Solar, égaré dans Paris par un tuteur indigne. Le vertueux abbé de l’Epée le recueillait, l’élevait, se rendait compte de son origine. Aussi, malgré les faux témoins, les papiers truqués, et grâce à la générosité du propre fils du traître, il arrivait, mieux que dans l’histoire, à écraser l’usurpateur et à faire triompher l’innocence persécutée.

Cette innocence, c’était Mlle Desbordes. Nulle ne l’aurait incarnée mieux qu’elle ; aussi garderait-elle le rôle à son répertoire. L’abbé, c’était le grand comédien Monvel, qui lui