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FIN D’UN VIEUX FONCTIONNAIRE

inconnu avait rêvé la grande gloire, et qu’à certains moments il avait pensé l’atteindre ? Qui surtout aurait deviné qu’il était le mari de cette dame, dont les enfants, à l’école, apprenaient les délicates poésies ? En marge il avait toujours vécu, en marge il demeurait.

Si la vie est un songe, rien ne le démontre mieux que l’histoire de ce brave garçon épousant une femme déjà meurtrie par l’amour, et que sa robuste et honnête tendresse ne parviendra jamais à guérir de cet amour-là. Sifflé, trompé, ruiné, il a participé à un étonnant et douloureux roman passionnel, dont il n’a dirigé aucune des péripéties. Prodigieusement inconnu et oublié, il a tout de même attaché son faux nom de Valmore, le seul auquel il tint, à une œuvre immortelle, de laquelle il sera, d’ailleurs, toujours absent.

Si, de ses mains défaillantes, il s’est occupé de préserver pieusement cette œuvre-là, le pauvre cher brave homme, un instinct sauveur l’a guidé. De ce côté seulement son personnage falot a quelque chance d’atteindre un semblant de réalité.


FIN