Page:Praviel - Le Roman conjugal de M. Valmore, 1937.pdf/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
FIN D’UN VIEUX FONCTIONNAIRE

M. Prosper Lanchantin, dit Valmore, fut nommé « employé » deux ans après, en décembre 1854. Mais que l’on ne croie pas que ce titre lui accordât des appointements beaucoup plus élevés ; c’est à peine si, au bout de quinze ans d’un travail assidu, il était arrivé à un traitement misérable de 2.000 francs par an !

Voilà quelles étaient les occupations de l’ancien tragédien, au moment où la mort, à coups redoublés, frappait autour de lui et émondait sa famille. Il ne pouvait y trouver d’éléments pour adoucir et endormir ses chagrins. Besogne matérielle, bonne, tout au plus, à l’éloigner quelques heures d’un foyer lugubre et d’un logis désert.

Cela dura longtemps. Malgré les inquiétudes qu’elle avait, de tout temps, inspirées à Marceline, la santé de M. Valmore était robuste. Les souffrances morales dont Henri Heine se chargeait si allégrement, ne l’ébranlèrent pas. Presque jusqu’à la fin du second Empire, on vit le vieillard revenir quotidiennement s’enfermer à la Bibliothèque nationale, et y poursuivre le morne labeur qui le mettait à l’abri du besoin.

Quelques subsides commençaient à lui venir aussi, grâce à la persistante renommée posthume de sa femme, renommée à laquelle il travaillait avec Hippolyte, et qui ne cessait de grandir. Dès 1860, un an après la mort de Marceline, il parvenait à faire éditer ses poé-