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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

nier désir, si longtemps caressé, d’aller finir leurs jours dans le Midi.

Marceline, que rien ne retenait plus à Paris, ni amour, ni lambeaux d’illusions, aurait voulu pouvoir retrouver le Sud-Ouest de la France, qui lui avait laissé, à travers les hasards de sa jeunesse, des images enchantées : Toulouse, avec ses briques rouges sur un ciel cru et pommelé, Tarbes au pied des Pyrénées, Bayonne, qui chante sur son double fleuve, Bayonne où elle avait reçu, petite fille, un si bienveillant accueil, Bordeaux, où elle avait connu Valmore, où elle pensa endormir jadis les troubles de son cœur…

Aux coteaux de Lormont j’avais légué ma cendre ;
Lormont n’a pas voulu d’un fardeau si léger ;
Son ombre est dédaigneuse au malheur étranger ;
Dans la barque incertaine il faut donc redescendre.
Venez, chers alcyons, pressez-vous sur mon cœur ;
Jetez un tendre adieu vers la rive sonore ;
Je le sens, quelque vœu nous y rappelle encore,
Quelque regard nous suit, plein d’un trouble rêveur.
Adieu… Ma voix s’altère et tremble dans les larmes ;
Enfants, jetez vos voix sur l’aile des zéphyrs :
Dites que j’ai pleuré ; dites que mes soupirs
Retourneront souvent à ces bords pleins de charmes ;
Là, de quatre printemps j’ai respiré les fleurs[1]

Toutes ces rêveries étaient bien mortes. L’heure du crépuscule ne connaît plus qu’une muse, compagne austère : la résignation.

  1. Poésies, tome II.