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DERNIERS EFFORTS

il avait déclenché soudain l’attaque furieuse de la phtisie.

Ondine mourut dans son logement de Passy, en février 1853. Elle n’avait pas dépassé trente-deux ans.

Depuis la mort d’Inès, les Valmore demeuraient rue Feydeau. Ils ne purent supporter de rester dans ce décor, où tant de nouvelles sinistres étaient venues les accabler. Ils émigrèrent pour la dernière fois : leur quatorzième déménagement ! L’humble mobilier, réduit par tant de misères, le mobilier que chaque décès restreignait, fut transporté dans un cinquième de la rue de Rivoli, dans une maison qui portait le numéro 75, au coin de la rue Étienne, devenue aujourd’hui rue du Pont-Neuf. Un logis extrêmement exigu et modeste qu’on leur concédait pour un loyer annuel de 1 000 francs. On y grimpait par les quatre-vingt-quinze marches d’un escalier raide comme une échelle, que Valmore montait en soufflant un peu, et qui exténuait sa femme, profondément atteinte.

Cependant, là-haut, ils se reprenaient, les deux blessés de la vie, le tragédien dont le théâtre ne voulait plus, la poétesse dont aucun éditeur n’acceptait les derniers vers. Ils ouvraient leur fenêtre, ils s’avançaient sur un petit balcon ; par les jours clairs, il y avait du soleil, et, au-dessous d’eux, l’immense moutonnement de Paris. Cette vue seule les dédommageait de n’avoir pu réaliser leur der-