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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

aux privations : Félix, Cécile, Eugénie, Marceline ? Une famille de rêveurs, où se groupent la grand’mère, Marie-Barbe venue de Suisse, l’oncle Constant-Marie, qui ne rêve que palette et pinceaux ; la mère, Catherine Lucas, blonde madone, file au rouet, mais cela ne détruit pas les chimères. Elle met son seul espoir dans des héritages problématiques. D’abord, les frères Desbordes, vieux oncles célibataires, libraires à Amsterdam : mais ces deux fanatiques déclarent qu’ils ne laisseront leurs millions qu’à des héritiers déjà protestants ou qui le deviendront. Plutôt mourir de faim ! Alors, on se retourne vers d’autres collatéraux encore plus lointains. Une cousine des Lucas a suivi son mari, devenu planteur aux Antilles ; elle est riche, veuve, sans enfants ; il faut aller la voir, s’assurer ses libéralités, son héritage. Et comme le doreur hésite, sa femme décide d’entreprendre le voyage de la Guadeloupe. Là seulement est le salut.

Comment effectuer la traversée ? La maisonnée est à peu près sans ressources. Catherine va consulter une de ses parentes à Lille, peut-être dans la pensée de lui emprunter l’argent nécessaire. Cette excellente personne, qui n’a nulle envie de le prêter, lui persuade, pour se tirer d’affaire, qu’elle a chez elle le moyen infaillible de faire de l’or.

— Pourquoi n’avez-vous pas songé à produire Marceline sur le théâtre ? Elle chante à ravir.