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DERNIERS EFFORTS

trer… » La vie, cruelle et brutale, s’était chargée de la bâillonner ; son lyrisme incomparable n’intéressait pas les éditeurs. Ils avaient trouvé moyen de transformer cette Sapho en une vieille dame qui rédigeait des livres niais pour les enfants sages. Et l’Académie, qui avait toujours ignoré ses élégies immortelles, applaudissait à cette évolution navrante. Elle couronnait la conteuse de deux prix successifs, à quatre ans de distance, de deux et de trois mille francs, « en raison de la moralité de ses écrits ». Valmore, à la recherche d’un emploi de comptable, n’avait plus rien à lui reprocher

En 1851, un rayon de soleil vint éclairer leur triste automne. Ondine se maria très honorablement, et même brillamment. Elle épousa M. Jacques Langlais, député de la Sarthe. Elle atteignait alors ses vingt-neuf ans.

Il était dit, hélas ! que cette joie ne devait pas durer. Prosper et sa femme arrivaient à ce moment de la vie où rien d’heureux, de véritablement heureux, ne peut plus arriver. Autour d’eux, depuis la terrible agonie d’Inès, les oiseaux de la mort tournaient en vols concentriques.

D’abord, ce fut, en Normandie, la sœur aînée, Eugénie, qui s’en alla, au mois de septembre 1850, suivie de très près, en octobre, par la bruyante, dévouée et un peu fatigante Caroline Branchu, l’amie et la confidente des jours tumultueux ; six mois après, on eut à