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LE ROMAN CONJUGAL DE M. VALMORE

nement son épouse dont la Révolution exaltait le lyrisme.

— Rien de plus beau, de plus simple et de plus grand, s’écriait-elle. Le peuple pur… le peuple de Dieu !

Les idées républicaines de Latouche revivaient en elle avec les enthousiasmes de 1830, si vite calmés. Ces souvenirs de sa jeunesse et de ses amours la galvanisaient, lui faisaient tout oublier, lui permettaient même de supporter sans faiblir les horribles journées de juin qui dessillèrent les yeux de tant de gens et préparaient l’Empire.

Ainsi rêvant, écrivant, se privant de tout, ils passèrent ces temps de hasard. La République finit par rendre quelques subsides à la poétesse ; et, en 1850, celle-ci réussit à publier enfin un livre de contes enfantins, Les Anges de la Famille, que devait suivre, cinq ans plus tard, un autre ouvrage du même genre : Jeunes têtes et jeunes cœurs. Il fallait bien vivre. Là aussi, les grandes ambitions étaient mortes. Marceline Desbordes-Valmore ne donnait plus de vers. La source en était-elle donc tarie en elle ? Non certes ! Elle disait encore à Pauline Duchambge : « Nous pleurerons toujours ; nous pardonnerons et nous tremblerons toujours. Nous sommes nées peupliers. » … Et elle avouait même à son mari, un jour d’expansion : « On n’oublie pas. On reste jeune en dedans. Je suis prise quelquefois de transports que je n’ose pas te mon-